Pour beaucoup, Uccle est à l’image de ce que doit être une commune chic et pour ceux qui ne la connaissent pas, c’est un autre monde. Elle regorge de bonnes tables de tous les styles et nous vous en avons déjà fait découvrir certaines : l’incontournable et gastronomique Passage du Chef Rocky Renaud (notre chouchou absolu), la cuisine généreuse de ‘t Misverstand, la superbe salle ancienne du Relais Saint-Job, le bistronomique Chez Charlotte, l’étonnant rendez-vous grec du Koyzina Authentica ou encore les superbes viandes argentines du Meet Meat. Après cette déjà belle brochette (si j’ose dire), nous avons découvert une maison qu’en hiver on doit sûrement confondre avec un chalet en pain d’épices, mais surtout un endroit où l’ambiance est joyeuse, la déco pleine de chaleur. Cette étonnante villa, vaut la peine d’être découverte.
Un saut dans le temps et une ambiance chaleureuse.
Dès qu’on entre au Charlu, c’est un peu comme si on avait pris la DeLorean de Back to the future avec Marty Mc Fly et le Dr Emmett Brown, mais en réglant le compteur sur les années 1930… Ceci étant dit, on pourrait sans doute remonter encore un peu plus loin car la décoration est à la fois art-déco, rococo et SNCB… car en regardant les magnifiques banquettes de bois, on se croirait dans l’un des plus anciens trains, en première classe ! Le bar est surchargé de bouteilles de toutes sortes, qui paraissent précieusement rangées dans un très soigné bazar… L’équipe galope dans tous les sens et dans la bonne humeur. La salle se remplit au fil du début de soirée et vers 21 heures il n’y aurait plus moyen d’installer le moindre convive. Il vaut donc mieux réserver… Évidemment, qui dit salle pleine et petite équipe sympa, dit aussi un certain délai d’attente pour le service, mais cela fait partie du plaisir quand l’ambiance est bonne. Les clients rient, regardent les assiettes arriver sur la table des voisins, l’œil malicieux et gourmand.
Une cuisine classique et généreuse, mais aussi quelques trouvailles modernes.
Un agréable tartare de gambas, poire et agrumes élégamment servi en cuiller et particulièrement frais, nous a mis les papilles de fort bonne humeur et nous voilà prêts à examiner les suggestions à l’ardoise. J’ai failli craquer pour une Pomme de terre de Noirmoutier juste rôtie, au beurre de cerfeuil et œufs de truite, mais je n’ai évidemment pas réussi à résister aux asperges. La saison est courte, alors j’en profite sans vergogne chaque fois que j’en vois à la carte. Je jette donc mon dévolu sur l’Œuf croustillant (parfaitement réussi), asperges vertes croquantes, petites herbes, mousse de parmesan et jus de cochon. Mention pour le joli dressage, à la fois très lisible et élégant. Ce sera mon coup de cœur de la soirée et ce jus corsé de cochon, épais et velouté, fort en bouche mais pas en gueule, me laisse encore un souvenir délicieux ! L’équilibre de cette entrée était parfait et j’en ai félicité le chef en fin de soirée, malgré une légère sous cuisson des asperges, selon moi. Mon invité quant à lui a choisi le Saumon en tataki, une entrée courue, bien assaisonnée et printanière. La présentation méritait une peu plus de recherche, mais le saumon était maigre, goûteux et de toute première qualité. Félicitation donc au producteur…
Un beau maigre et un poulet noir du Périgord à l’honneur.
Comme souvent ces derniers mois, je choisis un poisson et délaisse les viandes ou volailles. Mon choix se porte sur un plat qui a attiré mon regard grâce à son énoncé : Maigre, pousses de livèche et jus de bouillabaisse. Je suis très friand des saveurs mélangées et ça me parle tout de suite. On me précise à la commande que c’est un plat « signature » de la maison et je suis donc impatient. La cuisson du maigre est impeccable et il est rosé à cœur. Il se détache à la pointe de la fourchette, tandis que le jus de bouillabaisse est une belle réussite. Il est fort en goût et a dû réduire très patiemment. Le choc des saveurs est réussi et la mousse d’artichaut vient délicatement souligner l’ensemble, tout en lui donnant un petit peu d’amertume. Je ne regrette pas mon choix… Celui de mon invité se porte sur le Poulet noir du Périgord servi en cocotte, c’est parfait pour son grand appétit. La recette de base est celle (très connue des amateurs) de Monsieur Blanc, mais le chef y a ajouté une légère touche de porto et c’est bien vu. Pas de dressage gastronomique ici, des assiettes lisibles, simplement présentées et généreuses. Cela correspond bien à l’ambiance et la décoration des lieux, mais on sent que le chef en a encore sous le pied.
Nous avons fini ce repas copieux en choisissant une classique Dame Blanche pour l’un et des fraises pour moi. La glace vanille était de qualité et d’une jolie couleur, le chocolat amer fondu généreux et corsé, tandis que la bonne surprise était une chantilly maison au siphon. Côté fraises, en ce début de saison, les Gariguettes se révélaient logiquement un peu trop acidulées. Mais, rien ne vaut tout de même le bonheur de retrouver les premières de l’année après un hiver gris et humide. L’acidité des fruits était rattrapée par la douceur et le velouté d’une crème fraîche fermière, absolument délicieuse. Une petite tuile amenait le croustillant qu’on attend d’un dessert réussi. Une jolie touche finale, avant un café de qualité. Au Charlu on ne cherche pas le snobisme qu’on attribue parfois la commune d’Uccle, mais bien une ambiance totalement à contrepied. Ici, c’est la chaleur humaine qui à l’honneur, tout comme la convivialité et le rire qui passe de table en table. À découvrir entre ami, pour passer une soirée chaleureuse.
Notation : 3 Marcus
(1 = moyen – 2 = correct – 3 = Table de qualité – 4 = table de grande qualité – 5 = Table d’exception).
Site officiel : www.resto-charlu.be/fr