Momo la Crevette à… Waterloo : impérial !

En lisant le nom « Momo la crevette », vous aurez pensé à une friterie… Eh bien, que nenni ! Voici un restaurant digne de Waterloo où l’on a osé ajouter une table de qualité à une forte identité. Un défi relevé avec panache, des saveurs et parfums de la mer, une gamme de crevettes absolument incroyables et de toutes les tailles. J’y aussi mangé le meilleur tartare de thon qu’il m’ait été donné de déguster et je ne plaisante pas. Une véritable explosion de saveurs ! Si près de la butte et du champ de bataille, oserais-je dire que c’est « canon » ?

Waterloo est tout de même une commune connue pour son côté, disons… très chic. À deux pas de l’église, au 202 chaussée de Bruxelles, se situe une façade discrète, qui attire toutefois l’œil par sa chaleur et ses douces lumières, donnant clairement envie d’entrer et de prendre place. On découvre une salle élégante : joli nappage blanc, belle vaisselle, un agréable bar, une cuisine ouverte où ça bosse, mais où ça rit aussi. Les couleurs sont cosy et l’équipe est aux petits soins, conviviale et discrète comme il faut, à votre écoute « pour de vrai ». On sent que le personnel tient à vous rendre heureux durant votre repas et cela fait du bien, surtout en ces temps de reprise ! Bref, on est bien loin de l’ambiance friterie et je reste intrigué par le nom du restaurant. Le mystère planera par ailleurs toute la soirée, ou presque… peut-on le vraiment résoudre ?

Mais, passons au principal : la table. Pour prendre le temps de nous installer et de profiter de l’ambiance douce tant que la salle n’est pas encore pleine, nous choisissons un Mojito délicat, mais pas trop fort, sans doute pour ne pas brûler les papilles avant le dîner. Puis, nous ne résistons pas à une rafraîchissante petite flûte de bulles, un agréable champagne Castelnau. Pour nous ouvrir l’appétit, on nous propose d’emblée de savoureuses et belles olives vertes, un beurre d’Isigny (qui ne se répand pas en flaque d’huile), un pain de qualité et de mignonnes crevettes grises bien de chez nous… Ça me rappelle les vacances à la côte quand j’étais enfant et les crevettes qu’avec ma mère nous décortiquions à la main près de la criée, ce qui n’est jamais un exercice facile. Souvenirs de Nieuport au cœur, tout commence bien ! La carte des vins est riche et pour toutes les bourses.

En entrée, Camille choisit les Noix de Saint-Jacques snackées, gratinées au champagne (25 €). Les noix sont croustillantes sur le dessus et parfaitement fondantes à cœur, légèrement translucides. On sent clairement qu’ici on ne mangera que des produits frais et tant mieux. La sauce est savoureuse, on y retrouve le précieux breuvage, discret mais bien présent. La texture est crémeuse et pas une cuiller ne devient liquide. C’est fort bien exécuté et le Chef, que j’ai observé au travail, s’avère délicat et précis dans ses préparations (la sauce au champagne n’est pas facile à réussir). En garniture, une touche de ciboulette ciselée et des mini pousses révèlent en bouche leur fraîcheur. Un peu de chicon (endive pour nos amis français) se fait discret et dévoile une légère amertume bienvenue. Cette petite touche du Chef apporte un bel équilibre au plat. Camille se régale et, comme toujours, j’ai participé à la dégustation pour pouvoir vous en parler en connaissance de cause. Ce qui n’est pas toujours simple si j’ai un invité trop gourmand… Voilà en tout cas une belle entrée en matière.

De son côté, et heureusement qu’il m’a laissé goûter, Laurent a décidé de commander un tartare de thon. Évidemment je me suis dit que, même de qualité, ce ne serait pas une découverte particulière… Je me trompais, et pas un peu. Ce Tartare de thon frais au concassé de noisettes, dés de poivrons rouges, échalotes et huile vierge (21 €) est assurément le meilleur tartare de thon que j’aie goûté de ma vie ! Et je ne dis jamais cela si je ne le pense pas. D’ailleurs, dans mes chroniques vous ne trouverez sans doute pas plus d’une ou deux fois cette mention. Je ne suis pas près d’oublier ses saveurs et parfums. Hormis les éléments évoqués dans l’intitulé, il y avait certainement un secret du Chef et un tour de main passionné. C’est ce que j’appelle la magie de la cuisine et ici le tour était vraiment spectaculaire ! Pas dans la présentation bien sûr, il est compliqué de moderniser un tartare réalisé à l’emporte-pièce. Quoique dans ce cas, la modernité était plutôt dans les petits accompagnements délicatement posés en bord d’assiette : kumquats, mini poivrons, œufs de poissons dont d’étonnants petits œufs de poisson-volant aromatisés au wasabi. Je dois absolument retrouver ça ! Bref… une chair coupée au couteau, des saveurs incroyables et une surprise totale. Je le répète, c’est le meilleur tartare de thon que j’aie rencontré au cours de mes longues pérégrinations culinaires. Si vous allez y dîner ou déjeuner, n’hésitez pas à commander cette merveille.

Avant le plat principal, la maison a tenu à nous faire goûter une belle Salade de couteaux de mer rôtis au beurre d’ail (18 €). Les couteaux impeccablement cuits, des accompagnements rafraîchissants et un parfait beurre d’ail qui n’arrache pas la bouche. Encore un plat qu’on ne regrette pas.

Enfin, en ce qui me concerne, mon choix s’est porté sur le plateau d’huîtres Gillardeau – Marennes Oléron, petites grises du nord, vinaigre de vin rouge bio et échalotes (30 €). Personnellement, je déguste les huîtres sans accompagnement, si ce n’est un tour de moulin à poivre noir. J’ai tout de même goûté au vinaigre de vin dont l’acidité était assez équilibrée pour ne pas assassiner la saveur des mollusques parfaitement frais, savoureux et fermes. Comme quoi, on peut en manger tout au long de l’année si le produit est de qualité et archi frais. Bien entendu, ma mémoire s’est fait un plaisir de retourner instantanément à Nieuport en décortiquant jusqu’à la dernière petite crevette grise ! Une entrée qui m’a juste donné envie de poursuivre ce repas plus que prometteur. À vrai dire, j’attendais de pied ferme les crevettes !

En plat principal, Camille a jeté son dévolu sur un Duo de lotte et espadon à la crème de miel et au citron vert (34 €) … Lorsque je l’ai goûté, je n’ai pas été surpris de découvrir un équilibre subtil entre le côté sucré du miel et l’acidité du citron. Le Chef est sincèrement au niveau et nous n’avons pas ressenti le moindre changement dans la qualité de son travail tout au long du dîner. La sauce, très onctueuse, n’avait rien à envier à celle au champagne de l’entrée et enrobait les poissons telle une légère couverture veloutée. C’était nappant et savoureux. La lotte autant que l’espadon étaient parfaitement cuits, la première nacrée à cœur et tendre à souhait, tandis que le second avait cette agréable mâche de « viande de la mer » qu’on en attend.

Laurent a choisi une étonnante Bouillabaisse de poissons à la mode Momo (32 €)… Je me serais cru dans le sud et cela m’a rappelé la belle ville de Marseille où j’aime tant flâner le long de la Cannebière et manger en terrasse. J’y étais presque ! Des poissons bien sélectionnés et cuits, une rouille qui fleure bon et rappelle la Bonne Mère, ainsi que de jolis croutons dorés maison… mon ami Daniel de Marseille me dirait sûrement qu’il ne peut y en avoir de vraiment bonne hors de l’antique Massilia, mais je persiste : celle-ci était vraiment savoureuse ! Encore un excellent point pour le Chef.

Enfin, j’ai fait le choix (on est quand même Chez Momo la Crevette) d’effectuer une sorte de tour du monde de la petite bête. Enfin, « petite »… c’est vite dit, avant de les avoir sous le nez et surtout en bouche ! J’ai en effet décidé de tester les « Grandes Crevettes » (47 € pour 6 pièces, suffisantes pour un gros appétit, croyez-moi sur parole) et je n’ai pas été déçu du voyage, au sens propre. Alors, commençons la balade : crevettes d’Argentine, de Madagascar, Obsiblue, géantes de Taiwan, Black Tigers et Carabineros… je vous l’ai dit, un tour de la planète et des océans ! Trois sauces pour relever tout ça : Armoricaine, Curry de Madras et Beurre à l’ail. Le tout pour une véritable explosion en bouche. Pour vous faciliter la tâche, chaque crevette est surmontée d’un petit drapeau qui vous permet de vous rappeler de son origine, c’est dire la « copiosité » de la chose… Vous faites réellement un tour du monde de saveurs autant que de textures et il est incroyable de constater à quel point de « simples » crevettes peuvent être différentes, jusqu’à la Black Tiger qui est une véritable viande. En bref, voilà encore une très belle découverte, qu’on peut sans doute difficilement faire ailleurs qu’ici, chez Momo la Crevette.

Des desserts classiques pour conclure ce magnifique repas et pour moi… un Irish Coffee, évidemment, parfaitement préparé !

En partant, j’ai rencontré celui que me semblait être le directeur ou encore le propriétaire… Je lui ai demandé tout de go : « vous êtes donc Momo » ? Il m’a regardé l’œil coquin et a répondu : « on peut dire ça… »… mais, je n’en saurai pas beaucoup plus. Quand vous irez y déjeuner ou dîner, vous voilà avec un mystère à résoudre car je ne vous confierai pas le peu que j’ai compris.

Momo la Crevette est donc une magnifique découverte à Waterloo, et Napoléon ou Nelson y auraient assurément fait une halte avant d’aller sur le champ de bataille ! L’endroit est devenu une adresse incontournable de la très chic commune au Lion… Un pari totalement réussi ! L’addition moyenne n’y est pas donnée, mais elle en vaut vraiment la peine, c’est le moins que je puisse écrire. Ah oui… je vous conseille vivement de réserver.

www.momolacrevette.be
Tél. : +32 (0)2 351 21 00

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