Avant d’aller à sa découverte, j’ai parcouru le site Internet de cette superbe adresse dont les photos d’illustration ont été prises de jour, ce qui m’avait fait craindre de trouver l’endroit un peu froid, un peu « cantine » … Eh bien, que nenni ! C’est chaleureux, les lumières orangées et l’agencement moderne apportent un côté cocoon inattendu et l’accueil est vraiment « comme à la Mézon ». Et puis surtout, la cuisine est de haut niveau, puisque c’est Olivier Destribois (talentueux et formé chez les meilleurs) qui est au piano. Mais, le chef d’orchestre est Méhul, maître des lieux, qui transmet la générosité et la bonne humeur indiennes jusque dans l’assiette par une croquette maison aux milles saveurs, que je vous présenterai plus loin, par exemple. Il nourrit une réelle passion pour son restaurant, au même titre que son associé Jaskaran Sandhu. Une vraie salle de jeu a été aménagée un peu séparément de la salle principale, une belle terrasse permet aussi aux enfants de jouer en été et vous pouvez faire garder vos chères têtes blondes pendant que vous déjeunez ou dînez à votre aise. Des savoureuses « boxes » modernes et ludiques sont prévues pour leurs repas, parfaitement équilibrés et travaillés. Bref, cette adresse uccloise est l’un de mes coups de cœur de la saison et je ne peux que vous conseiller d’y réserver une table !
Pour la première fois, j’ai eu l’idée de demander au Chef de se présenter et de raconter l’un ou l’autre de ses plats avec ses propres mots, assurément complémentaires au miens. Le premier à s’exprimer est Olivier Destribois, Chef à la déjà longue expérience, au parcours marqué par des maisons de (grand) prestige. Il aime les beaux produits, les saveurs authentiques, les racines de la cuisine et la modernité… Sa cuisine est aussi simple qu’elle peut se dévoiler sophistiquée et il a une autre grande qualité : le respect des autres. Vous aimerez découvrir sa cuisine et voici donc sa voix…
Parole de Chef (Olivier Destribois) : pouvez-vous résumer en quelques mots les grandes lignes de votre parcours ?
Élégant et très souriant, c’est pourtant Mehul Vesvikar qui nous accueille, dans une salle que je découvre chaleureuse. En entrant on peut jeter un regard sur la cuisine, un joli bar est situé juste à côté et donne sur des tables blanches et en bois joliment dressées, des chaises et banquettes en bois naturel et du bois aux murs aussi, par touches élégantes. L’éclairage direct est contrebalancé par une sorte de « réverbères » à la lumière plus orangée que blanche, ce qui ajoute la chaleur qu’on attend pour dîner. L’obscurité étant déjà tombée, nous avons pu découvrir l’intérieur depuis la rue et j’ai vite compris que nous nous sentirions bien ici. Un point important pour le quartier : le Mézon bénéficie d’un parking privé… Nadir, le responsable de salle sera aux petits soins tout au long du repas et en cuisine, le Chef Olivier Destribois officie avec les superbes qualités qu’on lui connaît, soutenu avec enthousiasme par Ben, son second. Une belle carte des vins vous attend, mais vous pouvez aussi suivre les conseils de la maison et vous laisser guider en accords mets-vins.
Une mise en bouche subtile…
Olivier aimant les goûts et les textures, doué pour se jouer des saveurs et les combiner entre elles de manière toujours étonnante, nous sert pour commencer un intelligent et subtil petit velouté de tomate et carotte, qui nous surprend Patrick et moi… Une pincée d’une épice, que nous connaissons pourtant assurément, nous surprend et nous questionne l’un et l’autre, nous poussant à faire appel à nos souvenirs gustatifs lointains. Rien à faire, nous ne remettons pas le doigt dessus. C’est onctueux, parfaitement assaisonné et très légèrement relevé, mais nous donnons notre langue au chat, impatients de demander au Chef quelle est cette pincée de mystère… Avec un sourire satisfait, il nous annonce simplement : « sel de céleri ». Mais bon sang, mais c’est bien sûr ! Comme quoi le cerveau, s’il peut effacer des informations concernant les mots, garde toujours en mémoire les saveurs. Du coup, ce velouté avait un réel et magique petit goût d’enfance. Pour compenser son côté crémeux, une petite croquette au fromage l’accompagne, à l’appareil goûteux, se tenant parfaitement au cœur d’une chapelure fine et croustillante. Une parfaite entrée en matière…
Un peu d’Inde dans l’entrée.
Pour la deuxième étape de ce dîner riche en saveurs du monde, nous faisons une étape en Inde, qui tient fort au cœur de Méhul et qui a marqué toute sa jeunesse. C’est une entrée « signature Mézon » et on comprend rapidement pourquoi à la dégustation. Il s’agit d’une croquette de tapioca, ce qui n’est pas très courant sur nos tables. Il y a là aussi de la pomme de terre, du cumin. Le tapioca est frit et soufflé, ce qui le rend terriblement croustillant et une surprenante sauce au tamarin vient soutenir un puissant et délicieux chutney à la mangue. Quelques feuilles vertes et un peu de tomate viennent rafraîchir l’ensemble et apportent un agréable équilibre à ce plat. Le tamarin est une sorte de datte indienne qui, bien mûre, prend une saveur légèrement sucrée qui rappelle un peu l’agrume en arrière-bouche. Mis en pâte, il est très utilisé dans la cuisine indienne et du sud-ouest asiatique ou encore sud-américaine. Soutenu ici par l’acidité de la mangue, cela donne un sucré-salé-acidulé qui apporte un vrai coup de peps à l’assiette ! Une bouchée d’ensemble apporte bonne humeur et douceur aux papilles, c’est une très jolie découverte.
Une foie gras d’anthologie !
Bon… je vais le dire : j’ai goûté sous les doigts de fée d’Olivier Destribois l’un des trois meilleurs foies gras de ma vie, je l’affirme avec sincérité. La recette semble être le fruit des réflexions et des talents combinés de plusieurs cuisiniers complices, qui collaborent et se respectent. Vous entendrez ci-dessous le Chef vous en dire quelques mots lui-même, mais sachez que c’est une cuisson quasi crue, que la texture ressemble à celle d’un pressé et que les saveurs sont d’une extrême richesse. Une très discrète barde de lard apporte avec subtilité une saveur supplémentaire et inattendue. Pour ceux qui, comme moi, aiment réellement le foie gras de canard, cette recette est un nuage du paradis… On y retrouve toute la puissance, mais aussi la subtilité de ce produit d’exception. Ça fond littéralement sur la langue, la longueur en bouche est exceptionnelle et c’est sans doute dû à la présence de la Chartreuse verte, qui apporte une réelle touche herbacée à laquelle on ne s’attend pas. Le grand Eddie Van Maele, vraie légende de la cuisine Belge, doublement étoilé (18/20 chez Gault et Millau) lorsqu’il tenait sa sublime maison de la chaussée Romaine à Wemmel et qui a créé la recette originelle, utilisait du cognac. J’ai eu la chance immense de le fréquenter amicalement durant quelques années avant qu’il ne parte en Thaïlande et j’espère vous présenter un jour ce Chef qui reste parmi les plus grandes toques noir-jaune-rouge. Ici le canard est accompagné d’un agréable pain perdu épicé fondant et d’un savoureux confit d’oignons légèrement sucré. Ce foie gras me restera longtemps en tête en en bouche. Bravo !
Parole de Chef (Olivier Destribois) : une rapide présentation de cette incroyable entrée et du plat principal que vous avez choisi de réaliser ?
Un Osso Bucco tendre, presque fondant…
une explosion de saveurs simples et efficaces !
D’habitude on le sert avec des pâtes, c’est du moins comme cela qu’on me l’a toujours présenté et je dois bien avouer que ce n’est en général pas vraiment ma tasse de thé. Comme avec de nombreux plats de viande longuement mijotée, j’ai eu quelques mauvaises et surtout très sèches surprises. Ceci étant dit, comme il m’était servi par Olivier Destribois, je l’ai accueilli avec bon esprit et bonne volonté… et je ne l’ai pas regretté ! Le Chef vous en parle d’ailleurs mieux que moi ci-dessus, même s’il ne dévoile pas tout de sa recette, ou en tout cas je l’ai coupé juste à temps. Si ce plat semble simple à première vue, c’est tout le talent d’un cuisinier d’expérience, et qui respecte ses produits, que j’ai retrouvé dans mon assiette. La viande était incroyablement tendre et je pouvais la couper à la cuiller… la sauce tomates était d’une pureté telle qu’on eut dit que je venais de cueillir les fruits et de les cuire à la minute. La garniture aromatique complexe et riche (dont vous parle Olivier) apportait le parfait équilibre entre la légère acidité des légumes et la douceur soyeuse du risotto. J’ignore si un milanais se serait senti trahi dans la recette originale ou non, mais moi j’ai adoré la « simplexité » de cet Osso Bucco qui restera le premier que j’aie fini avec gourmandise, de la première à la dernière bouchée…
Un atterrissage tout en douceurs…
Pour finir ce superbe dîner, nous avons choisi de le clôturer avec deux desserts qui, une fois de plus semblaient forts simples, mais qui se sont révélés pleins de gourmandise et de légèreté à la fois, ce qui n’est jamais gagné d’avance. Une tarte aux pommes pour moi, fondante à souhait et qui m’a apporté une franche bouffée de souvenirs d’enfance sucrés et un mille-feuilles aux fruits rouges frais pour Patrick. J’ai plongé une cuiller dedans et le croustillant a bien failli faire trembler la table ! Un parfait équilibre entre croquant, crémeux et force acidulée des fruits frais… Il eut été difficile de faire mieux pour conclure ce superbe dîner !
Comme je vous le disais en début d’article, vous pouvez emmener vos enfants au Mézon… Ils y passeront assurément un aussi bon moment que vous. Vous pouvez obtenir un service qui leur assurera des activités, des jeux et un bon repas entre eux ou avec des camarades et c’est une énorme atout, quand on sait que les jeunes parents ont souvent envie de « se faire un bon resto » auquel ils doivent renoncer faute de baby-sitter. Ici, tout cela est fini et vos kids pourront même déguster des sirops maison… comble du plaisir. Ceci dit, les adultes peuvent aussi les goûter et les consommer sans modération ! Le dimanche, vous pouvez découvrir une belle formule de Brunch 5 services. En résumé, Mézon est une réelle découverte à mettre rapidement à votre agenda, tant pour sa philosophie que pour l’extrême gentillesse de l’accueil et le soin qu’on vous apportera tout au long de votre repas, que pour la grande qualité de sa cuisine. Entre des propriétaires passionnés et un chef talentueux, vous ne pouvez qu’avoir envie d’y retourner !
Note : n’hésitez pas à visiter souvent le site Internet de la maison car non seulement la carte évolue constamment, mais Mézon organise aussi très régulièrement des événements gastronomiques liés à diverses fêtes et célébrations : Halloween, Saint-Nicols, Noël…
Site Internet : www.mezon.be
Email : info@mezon.be
Téléphone : + 32 (0)2 380 79 07