Saint-Gilles est un quartier vivant, multiculturel, dynamique et où il fait désormais bon se balader le soir. De nombreux établissements illuminent la nuit et vous attirent aux quatre coins du monde de la gastronomie. Dans la rue Adolphe Demeur, une façade évoquant l’Art Déco, avec ses vitraux de couleur et la grande huitre peinte en devanture, attire le regard. Ça a l’air chaleureux, les lumières sont douces et il y semble y avoir une chouette ambiance. On a envie d’entrer… Des fruits de mer frais, une carte gourmande et 200 références de vins, allant d’environ 4 à 8 euros au verre et à la bouteille de 25 à… Voilà qui promet de passer une bonne soirée. L’accueil est amical et le service attentif. On se sent chouchouté et côté saveurs, c’est un véritable moment de plaisir ! Concernant les vins, je n’ai pas été surpris de la qualité des conseils reçus afin d’accorder chaque verre avec les mets dégustés. En bref, encore une bien belle découverte pour clôturer une année gourmande…
Avec Nadine, nous apprécions les fruits de mer et c’est donc un plaisir de s’asseoir à table, prêts à faire prendre un bon bain d’iode à nos papilles. Mais, forts d’une curiosité insatiable, nous allons faire aussi un petit tour de la carte générale. C’est parti et nous commençons par déguster une flute de Champagne brut à très fines bulles de la Maison Dumont, un petit producteur de qualité (12 € le verre), accompagné de quelques bigorneaux bien assaisonnés.
Le pain artisanal est délicieux et on nous le sert avec un beurre maison au citron noir d’Iran, frais et agréablement parfumé. En amuse-bouche, nous découvrons un joli fenouil cuit à basse température, brûlé au chalumeau, accompagné d’un gel de pamplemousse. La cuisson est parfaite, légèrement ferme sous la dent mais moelleux. On ne ressent pas trop le brûlé du chalumeau, une technique sur laquelle certains s’appesantissent, au détriment du goût du produit. La saveur légèrement anisée du fenouil se marie à la perfection avec la fraîcheur de l’agrume. Le gel n’est pas trop amer ni sucré, c’est équilibré et fort agréable en bouche. Une réussite qui provoque des attentes concernant ce qui devrait suivre : de la délicatesse, de la technique et une touche de créativité. C’est moderne et engageant.
Pour l’entrée, ce sera un Muscadet Sèvre et Maine Côte de Grand Lieu, au sud de l’appellation. Évidemment, nous ne pouvions passer à côté d’un petit plateau de fruits de mer : bigorneaux, bulots, huîtres de mer de Cancale (Bretagne), Marennes d’Oléron, et des Utah Beach nr 2 (Normandie). Il y a, comme il se doit sur une bonne table belge, des crevettes grises bien de chez nous, à la saveur si unique et quelques crevettes bouquets. Le prix de plateau dépend des produits que vous choisirez, entre 30 et 50 €.
Avec les gambas de son entrée (20 €), Nadine déguste un verre de Collioure blanc la Bergerie des Abeilles 2020. C’est un beau terroir du sud de la France, à quelques encablures de l’Espagne, qui trône sur des terrasses de schiste embrassant la mer, un peu comme si les Pyrénées tombaient dans la méditerranée. C’est un vin très frais, aux saveurs quasi maritimes malgré l’altitude d’environ 500 mètres à laquelle sont plantées les vignes. Les belles Gambas sont flambées avec un whiskey écossais tourbé, ce qui leur apporte une saveur subtile et légèrement terreuse. La cuisson est impeccable, même si personnellement je les aime légèrement plus fermes. Elles sont servies sur un lit de lavande de mer, qui apporte de la fraîcheur au plat.
Pour ma part, on me propose un vin de l’appellation Monterrei, au nord de l’Espagne. C’est un mariage très harmonieux avec le superbe carpaccio de Saint-Jacques (18 €) que je m’apprête à découvrir. En tout cas, le dressage est superbe, élégant et gourmand ! Ce sont de belles noix venues tout droit de Dieppe (Normandie) et les petites chips de topinambour amènent le croustillant qui relèvera le moelleux des Saint-Jacques. Un léger râpé de poutargue (œufs de mulet salés et séchés, parfois de thon rouge) apporte un coup de peps, lui aussi bienvenu par rapport à la douceur des fines tranches fondantes du mollusque. Enfin, une petite crème citronnée achève d’équilibrer suavité et fraîcheur dans cette jolie entrée iodée. Cela me convient parfaitement.
En plat principal, Nadine se décide pour un coquillage que j’apprécie particulièrement (et dont nos amis italiens sont les rois) : les palourdes (ou vongole) ! Elle boira un verre de Pinho Verde élevé à la frontière hispano-portugaise, sur des terres particulièrement riches en granit. Les petits coquillages sont proposés dans une version à tendance nettement portugaise, qu’on appelle Bulhao Pato. L’ail et la coriandre fraîche occupent une place d’honneur dans cette recette traditionnelle de la région de l’Estrémadure, hommage au poète Raimundo de Bulhao Pato qui avait évoqué ce plat dans ses écrits. Les palourdes ont la parfaite cuisson et on les a clairement ôtées du feu immédiatement après leur ouverture. C’est tellement bon, lorsqu’ils ont encore de la mâche et ne ressemblent pas à de la pâte ni à du caoutchouc ! Exercice parfaitement réussi et assaisonnement à la hauteur de mes attentes, souvent très hautes. Une réussite… Ce plat est savoureux et je sauce joyeusement du pain dans le jus agrémenté d’un peu de citron, de vin blanc et d’herbes fraîches de mon invitée.
De mon côté, j’ai choisi une belle Lotte à l’armoricaine (28 €) et dégusterai un joli vin d’Arbois (Jura) élevé en barriques. Je découvre un beau morceau de queue de lotte et la sauce bisquée qui relève le poisson, parfaitement cuit et nacré à cœur, est superbe. Sans doute à base de jus corsé de têtes et d’un trait de whiskey (bien vu à la place du plus traditionnel cognac), c’est puissant en goût, mais ne vient pas tuer la saveur subtile et caractéristique du superbe morceau de lotte. Un joli quartier de rutabaga tendrement cuit ajoute une légère touche de douceur à l’assiette. En accompagnement, un généreux risotto à l’encre de seiche fort réussi et qui sous la dent se révèle parfaitement réalisé, à la fois al dente et moelleux, ce qui est toujours assez compliqué à réussir. L’ensemble est très équilibré et le Chef connaît sans nul doute sa partition sur le bout des doigts. Voilà une cuisine maîtrisée et pleine de saveurs, mettant en avant la fraîcheur des produits et une parfaite lisibilité de l’assiette !
Afin de finir tout en douceurs, Nadine choisit une savoureuse Crème Brûlée à la vanille de Madagascar (8 €), avec laquelle elle dégustera un verre de Riesling allemand en bio-dynamie qui, grâce à un peu de gaz carbonique, présente une légère sensation perlée, agréable et rafraîchissante. Pour accompagner ma mousse au chocolat (8 €), je trinque au Porto tawny Réserve de 7 ans d’élevage. Il a gardé un vrai côté fruité et frais, ce qui est assez rare pour ce vin, que je n’apprécie pas trop en général. La mousse, servie avec un crumble au curry léger et un chutney de mangue clôt parfaitement, et avec le plein de saveurs, un dîner délicieux. Elle est dense et fondante à la fois et au chocolat noir, ce qui me ravit. J’ai évidemment terminé de savoureux moment avec un espresso et un bon Irish Coffee, impeccablement réalisé.
La gentillesse et les conseils œnologiques de Laurine méritent d’être soulignés car ils nous ont été fort précieux et ont rendu le dîner encore plus intéressant. L’ensemble du service des Bains est franchement agréable et chaleureux. C’est incontestablement un plus non négligeable. Une bonne table sans une bonne ambiance n’a jamais fait une grande Maison… ici, tout est à la hauteur. Depuis les produits jusqu’au moindre détail de la déco ou du service, tout n’est que plaisir. Allez découvrir cette très jolie adresse bruxelloise, pourquoi pas en cette période de fêtes de fin d’année. Les Bains ont évidemment concocté une carte spéciale… Pensez à réserver et à soutenir tous nos restaurateurs en cette période si dure pour eux.
Oyster Bar & Restaurant Les Bains
www.restolesbains.be
Email : info@restolesbains.be
+32 (0)2 537 75 85