Coup de cœur « Découverte » : le St Quai Toile à Rixensart, pour une soirée conviviale et une intéressante cuisine !

Je ne veux pas parler ici de haute gastronomie, ni de bistronomie (quoi que le chef en soit très capable), mais d’une maison située au cœur du beau Brabant Wallon et qui propose une cuisine compréhensible, de grande qualité, généreuse et qui met en joie l’esprit aussi bien que les papilles. Le St Quai Toile, situé juste à côté du très vieux cinéma de Rixensart (dont il tire peut-être en partie son nom un peu mystérieux) propose l’été une magnifique terrasse, couverte, fraîche et aérée. Olivier, en charge de la salle, nous a accueilli avec beaucoup de gentillesse et Amélie, la propriétaire au caractère en béton, est venue plusieurs fois vérifier que tout allait bien et tailler une bavette (pas de bœuf), quand elle trouvait quelques petites minutes. Cela a rendu la soirée vraiment très conviviale. Le couple qu’elle forme avec Maxime (en cuisine) mène sa barque avec courage, passion et surtout une volonté farouche envers et contre tout. La période n’est facile pour aucun restaurateur nous le savons, mais à Rixensart ces jeunes amoureux font de la résistance tout juste armés de leurs sourires et d’une table de qualité. Les jeunes entrepreneurs ont parfois besoin d’un peu d’aide et le St Quai Toile est donc mon coup de cœur découverte de ce début d’été… À table !

À la fin du mois de juillet, la terrasse est l’option la plus évidente et Olivier en nous accueillant, nous propose de choisir la table qui nous conviendra le mieux. Je propose à Marianne la place qui permet de voir ceux qui entrent et nous nous installons pour une agréable coupe de champagne brut Madame de Maintenon à 10 €, qui me titille les papilles et me met en appétit ! La carte est courte, ce qui me rassure d’emblée quant à la qualité des produits et je repère rapidement des choses qui satisferont à coup son mon palais. Nous accompagnerons tout notre dîner d’un fort agréable Chablis 2018, signé Jean-Marc Brocard (37 €).

Carpaccio de bœuf enrichi et croquettes surprenantes… deux jolies surprises.

Lorsque Marianne a décidé de prendre un Carpaccio de bœuf à l’huile de truffe, burrata et légumes grillés (17 €), je ne m’attendais pas à la belle assiette qu’on lui a servie ni à une burrata d’une telle qualité ! Ce fromage traditionnel italien originaire de la très belle région des Pouilles, est à pâte fraîche filée et gonflé de crème. Il est ensuite noué pour y emprisonner ce cœur tout frais, qui coulera joliment à la découpe. C’est exactement ce qui arriva quand Marianne planta la lame de son couteau dans la généreuse boule blanche et non seulement le cœur s’est répandu sur la viande très finement tranchée, mais encore avait-il une saveur exceptionnelle. On avait l’impression de la déguster juste à la sortie de la fromagerie et j’y ai retrouvé des saveurs… de pâturages. Bravo au fournisseur ! La crème, douce et onctueuse, fusionnait parfaitement avec la pâte filée du fromage et le parfum de l’huile de truffe montait à la fois au nez et au palais. La viande était savoureuse et quelques morceaux de truffe noire parsemaient les fines tranches de bœuf, apportant leur puissance mais aussi de l’élégance. Les tomates grillées, l’oignon rouge et la roquette apportaient à la fois du croquant et une pointe d’acidité bienvenue. Un bel équilibre… Marianne a apprécié la réduction balsamique, tandis que je ne la trouvais pas indispensable. En tout cas, voilà une entrée à la fois simple et tout de même sophistiquée, savoureuse, pleine d’effluves agréables et vraiment très généreuse. Je connais un basketteur qui aurait adoré cette entrée et ne l’aurait pas trouvée chiche…

De mon côté, j’avais levé une oreille intéressée lorsqu’Amélie nous avait fait part d’une suggestion : Croquettes de moules au curry (18 €) ! Bon, les croquettes aux crevettes grises sont de véritables bijoux gastronomiques bien belges et nous avons tous nos critères personnels en la matière. Les moules aussi font partie de notre tricolore patrimoine culinaire et ce n’est pas Kevin Vanlancker ou son Père Rudy, qui me démentiront. Donc, quand j’ai entendu dans la même phrase « croquettes, moules et curry », je n’ai pas résisté… et j’ai bien fait ! Voilà donc qu’on m’apporte deux beaux lingots (bon ok, l’un était plus parfait que l’autre, mais ça arrive) d’une couleur orangée assez vive. Je n’avais plus qu’une hâte : découvrir comment était l’appareil et vérifier si la saveur des moules sortait victorieuse du combat avec le curry. Et alors, là… je ne vous dis pas. Enfin si, je vous dis justement… C’est une tuerie, voilà tout ! L’enveloppe croustillante renferme un appareil super onctueux mais qui se tient bien, tandis que l’intérieur est généreux en moules. Leur parfum et leur saveur iodée l’emporte haut la main sur le curry, dont je ne suis d’ailleurs pas certain qu’il mérite qu’on l’annonce dans l’intitulé. C’est si remarquable que « croquettes de moules maison » me semblerait suffisamment fidèle comme appellation. Mais ce n’est là qu’un détail. L’indispensable persil frit rappelle, comme si c’était nécessaire, que cette recette originale se réclame fièrement d’une cuisine belgo-belge. La petite salade fraîche plaira sans doute aux gros appétits, moi je me suis contenté de profiter au maximum des saveurs inventives et marquées de cette très belle entrée !

Marianne ose un Tartare minute, une première… et je me laisse tenter par une grosse « salade ».

Mon invitée, que je connais depuis l’âge des couches culottes, n’est pas grande amatrice de filet américain et autre Tartares, je le sais. Pourtant, lorsqu’elle en voit quatre à la carte (Belge, à la Truffe, Italien et Thaï)… la voilà qui commande sous mes yeux médusés un Tartare Thaï (21 €). À son arrivée sur la table, nous sommes aussi agréablement surpris l’un que l’autre, de découvrir un dressage original et esthétique. Une grande tuile d’une couleur verte bien vive, couronne un lingot de viande, ou peut-être une brique… en tout cas, servir un tartare sous la forme d’un rectangle est culotté et apporte une élégance qu’on ne connaît pas franchement à ce plat. La tuile est plus décorative que gustative,  mais l’effet est des plus réussis. Côté saveurs, c’est franchement bien aussi… La viande est bien assaisonnée, c’est légèrement relevé à l’aide d’une excellent wasabi et s’il en manquait à l’amateur de feu, on en retrouve de généreux petits points en bord d’assiette, sous des snacks verts piquants que j’adore. On goûte aussi dans la viande des herbes finement hachées et elle est élégamment soulignée sur le côté par un généreux trait de Sriracha (sauce thaï aigre-douce et piquante dont je me régale depuis des lustres) parsemée de grains de sésame blanc et de persil très finement ciselé. Il y a aussi une mayonnaise maison intelligemment séparée et une verrine, dans laquelle a trouvé place une petite salade. Voilà un très agréable plat d’été, aux parfums affirmés. C’est donc encore la déclinaison moderne d’un classique de la gastronomie belge.

Moi qui n’apprécie que peu les grosses assiettes avec des grosses salades pour de gros appétits… eh bien, suivant le conseil d’Amélie, je me suis vite laissé convaincre d’essayer un plat signature de la maison en cette saison : une salade de la mer à 21 € ! Pas déçu jusqu’ici, je ne me sens pas très inquiet et une fois de plus, je ne pas regretterai pas mon choix. Ici encore je crois pouvoir affirmer que Laurent, le Basketteur professionnel qui m’accompagne souvent dans lors de mes pérégrinations gastronomiques, aurait été heureux de voir cette assiette lui être servie car son appétit n’aurait pas été grugé. C’est en effet ce que j’appelle une portion généreuse. J’ai là des crevettes grises en garniture un peu partout sur l’assiette, des calamars frits qui sont croustillants, ce qui est  très rare (c’est le seul produit non maison du dîner) et ils sont fort bien traités. La sauce tartare fraîche les relève parfaitement. Une grosse tomate-crevettes révèle une farce digne de mon grand-père Maître-Queux et c’est le plus beau compliment que je puisse lui adresser, croyez-moi ! C’est réellement gourmand et goûteux… c’est la première fois depuis mon enfance que je trouve dans cette recette des œufs durs écrasés à la fourchette, ce qui rend la préparation plus crémeuse. Il y a de la mayonnaise maison, des fines herbes hachées et beaucoup de crevettes grises, à la saveur prononcée. Il y a aussi une belle portion d’un saumon fumé de qualité, pas trop gras ni trop peu, justement dosé en fumage et très agréable. Un toast est posé juste à côté du poisson et j’y trouve également une très belle croquette de crevettes… grises of course. Au centre trône une jolie petite salade composée qui une fois encore, permettrait sûrement à un (très) gros appétit de trouver son bonheur. Pour ma part, je préfère garder au palais toutes les saveurs des crevettes et des belles préparations du Chef. Je crois que je viens de déguster la meilleure Salade de la Mer qui m’ait été servie… et voilà !

Un élégant nougat glacé pour clôturer…

Marianne, tout en ayant parfaitement dîné, s’était assurée de conserver un petit peu de place pour un dessert. Elle a donc choisi un Nougat Glacé (8 €). Souvent, on vous amène un vague bloc de glace super dur et pas très bien présenté, en quelque sorte jeté dans un petit pot. Ici, le dessert est fait maison et les saveurs douces sont contrebalancées par l’acidité naturelle de fruits frais de saison : framboises, mûres, groseilles rouges, fraises… accompagnés d’un petit coulis fort bien réussi. Le dressage est élégant, c’est frais, gourmand et léger à la fois, une parfaite clôture pour un dîner qui nous a permis de découvrir une adresse que je revisiterai forcément et que je vous conseille sincèrement. J’ai fini avec un double expresso serré et un excellent Irish Coffee (9,50 €), qui a passé haut la main l’épreuve de la crème…

C’était donc une belle soirée, vraiment très agréable et… ayant fréquenté durant quelques temps adolescents le Tennis Club du Parival à cent mètres de là et vécu à Rixensart un certain temps, mon cœur s’est senti aussi bien que mon esprit sur la grande terrasse du St Quai Toile. Avec un jeune Chef passionné et doué, qui transmets assez de son savoir à son apprenti pour que ce dernier puisse assurer au cas où il serait absent, un personnel aussi accueillant et une épouse aussi passionnée que lui, l’histoire d’Amour entre Amélie et Maxime ne peut que se prolonger par une belle romance entre ces restaurateurs volontaires et une clientèle fidèle, à laquelle j’espère que l’un ou l’autre de mes lecteurs viendra rapidement s’ajouter.

Site officiel : www.lestquaitoile.be
Réservations : par le site ou au +32 (0)2 653 01 49
Ou encore par email : lestquaitoile@gmail.com

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