Exclusif : Rudy Vanlancker, propriétaire de Chez Léon 1893 et des Armes de Bruxelles, évoque l’horeca en pleine crise de Covid 19.

Comme toujours, Rudy me fait le réel plaisir d’être le seul à qui il accorde une interview en période délicate. Et nous devons bien le reconnaître, c’est plus que cela que traversent nos restaurateurs en ce très sombre printemps 2020 ! Il est même certain que l’année marquera les livres d’Histoire comme ayant été celle d’une crise mondiale dont la facture restera probablement incalculable. Ne voulant pas évoquer la possibilité d’une réouverture à la fin août, le propriétaire des deux plus gros restaurants du pays focalise toute son énergie sur la préparation minutieuse d’un nouveau départ qu’il espère pour le 8 juin…

C’est en effet la date qu’a évoquée plusieurs fois la Première Ministre Sophie Wilmès, pour éventuellement autoriser les restaurants (pour les cafés et bars ce sera plus tard) à rouvrir. D’après l’entrepreneur bruxellois, il n’y aura aucune annonce suite au Conseil National de Sécurité de ce mercredi car les autorités attendront de tirer un premier bilan du déconfinement qui a commencé dans le pays ce matin. Il est probable qu’elles veuillent également garder à l’œil les résultats d’autres pays, qui lèvent aussi progressivement leurs mesures sanitaires. Il sera alors temps de penser sérieusement à sauver tout un secteur (parmi les premiers emplo, plus que jamais en grand danger.

Beaucoup parmi les plus modestes, ne pourrons pas se relever de la crise…

S’il est conscient d’avoir plus de possibilités de survie que bien des restaurateurs plus modestes (qu’il respecte profondément), Rudy Vanlancker sait aussi que même les géants peuvent avoir des pieds d’argile. Si la crise devait durer jusqu’à la rentrée (alors que dans le fond, ce mot n’a plus grand sens à mes yeux pour l’instant), il est probable que les entreprises plus importantes ne pourraient à leur tour pas survivre bien longtemps. Il explique aussi que depuis la seconde guerre mondiale, jamais l’entreprise familiale (fondée en 1893) n’a été fermée aussi longtemps. On sent qu’il est touché par la situation et même sans doute, très profondément sur le plan humain, mais on devine aussi qu’il est prêt à reprendre le combat dès que possible. Chaque jour, il est dans l’un des deux restaurants et reste en contact avec ses équipes, auxquelles il attache une énorme importance, conscient que de lui dépendent près de 180 familles, ce qui n’est pas rien… Rudy Vanlancker fait partie de ces patrons qui considèrent leurs équipes un peu comme leur tribu. Il faut dire que depuis 127 ans, la sienne s’est parfois attachée à des générations de personnel et c’est donc un lien très fort qui unit les uns aux autres.

Quelques revendications, mais aussi la conviction que chacun fait ce qu’il peut…

Le restaurateur ne fait pas partie de ceux qui aboient avec les loups. Vous ne l’entendrez pas faire de reproches amers à qui que ce soit, mais il sait aussi que des mesures pourraient (et devraient) être prises quant à la baisse de la TVA dans l’horeca et l’exemption de certaines charges. En homme passionné qu’il est et vrai bruxellois, il n’a pas sa langue dans la poche, c’est une évidence. Pourtant, dans le cadre de cette crise mondiale inédite, il n’en veut pas à grand-monde… sauf peut-être aux assureurs. Disons plutôt que c’est certain : il trouve qu’il serait temps qu’ils se lèvent de leurs matelas d’argent et commencent à agir. Mais pour que cela arrive, il est bien conscient (et l’appelle instamment de ses vœux) qu’il faut impérativement que le gouvernement classe la crise sanitaire en catastrophe naturelle. C’est à cette unique condition que les assureurs seront obligés de dédommager les restaurateurs, qui obtiendraient alors une vraie bouffée d’air, une chance de survie pour beaucoup !

En tout état de cause, il conclut par une comparaison logique : « si votre magasin de chaussure est fermé, vous irez y acheter une nouvelle paire la semaine d’après…  tandis qu’au restaurant, on ne va pas tous les jours parce que ce n’est pas vital. Donc, pour un restaurateur une journée perdue est à tout jamais… perdue et il est impossible de la rattraper ». Conclusion d’un sage…

Juste pour le plaisir, je partage avec vous une petite vidéo montée par Giani, qui travaille aux Armes de Bruxelles au poste de Chef de Rang. Avec quelques collègues de la prestigieuse maison de l’îlot sacré, ils soutiennent l’horeca à leur manière, en portant un toast ! Cela résume assez bien l’état d’esprit que j’ai toujours ressenti dans les deux maisons de Rudy Vanlancker, où le personnel me réserve toujours un accueil amical. Si nous leur donnions un coup de main ? Ils lancent un défi aux internautes, afin qu’ils réalisent à leur tour des courtes vidéos de soutien au secteur horeca… Donc partageons leur vidéo, pour soutenir à notre tour les restaurateurs ! Défi ?

Sites Internet : www.auxarmesdebruxelles.com  & www.chezleon.be

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